La tête en jachère

15 décembre 2025

Jeudi matin, tôt, j’ai envoyé pour la quatrième fois à Québec Amérique le manuscrit de Un monde sans dieux, le neuvième Surprenant. Il s’agissait de mes suggestions et réactions quant à la révision linguistique. Les trois premiers envois concernaient les versions éditoriales, de fin-août à fin-octobre.

Quand le livre me reviendra, il sera «monté» ou «en épreuves», c’est-à-dire prêt à être envoyé chez l’imprimeur. À moins de coquilles ou de mini-catastrophes ayant échappé à beaucoup de regards, plus rien à changer.

Sur Facebook, j’évoque le départ des personnages comme autant d’invités ayant squatté dans ma tête pendant les derniers neuf mois. Certains reviendront, dont les plus importants qui forment l’entourage familial et professionnel du héros. La plupart disparaîtront dans la fosse commune des personnages à usage unique, contenu dans un seul livre de fiction.

Je ressens un soulagement, aussi un manque. Je suis «en vacances» pour la période des Fêtes. L’imagination est une terre qu’il faut mettre parfois en jachère.

Pas trop longtemps. La terre travaille, tout le temps, comme le bois qui se tord chaque jour imperceptiblement sous les éléments.. Le dixième Surprenant est déjà quelque part, indistinct, sous forme de larve ou mêmes d’atomes. Entretemps, il y a ce roman abandonné, presque fini, mais ayant manqué sa cible, qui attend que je lui prête attention.

Suis-je en vacances pour les Fêtes? Pas vraiment.


«L’Affaire des Montants» reçoit le prix Saint-Pacôme du roman policier 2025

5 octobre 2025

Hier, le 4 octobre, j’ai eu le grand plaisir de recevoir, à Saint-Pacôme-de-Kamouraska, le prix Saint-Pacôme du roman policier pour le dernier Surprenant, L’Affaire des Montants, publié l’an dernier chez Québec Amérique.

Y étaient aussi finalistes Chrystine Brouillet, pour Le Regard des autres, aux éditions Druide, et Ronald Lavallée, pour Le Crime du garçon exquis, aux éditions Fides, deux excellents romans.

Je salue la très belle organisation de l’événement et l’accueil chaleureux de la communauté de Saint-Pacôme. La Société du roman policier de Saint-Pacôme distribue ses prix depuis 2002, d’une façon remarquable, grâce à la passion de bénévoles et au soutien de la population et des institutions locales.

Pour l’écrivain, cet animal solitaire, recevoir ce type de reconnaissance est un honneur et une grande source de stimulation.


Premières images de la saison 2 de «Détective Surprenant»

9 septembre 2025

À la fin du mois dernier, les productions Version 10 et Illico+ ont publié sur Facebook les premières images de la deuxième saison de «Détective Surprenant», La Baron de l’archipel. La série sera disponible sur Illico+ en 2026.

Scénarisée par Marie-Ève Bourassa et réalisée par Yannick Savard, cette saison sera inspirée du sixième tome de la série Surprenant, Les Demoiselles de Havre-Aubert, publié chez Québec Amérique.

Patrick Hivon et Catherine Brunet camperont toujours les personnages d’André Surprenant et de Geneviève Savoie. Vincent Gratton sera le baron, Éveline Brochu, sa conjointe. L’action se déroulera surtout aux Îles-de-la-Madeleine, mais aussi à Montréal.


«L’Affaire des Montants» finaliste au Prix Saint-Pacôme du roman policier

6 septembre 2025

C’est avec bonheur que j’ai appris que le huitième tome de la série Surprenant, L’Affaire des Montants, m’a valu d’être finaliste au Prix Saint-Pacôme du roman policier 2025.

Cette récompense est remise en octobre chaque année depuis 2002 par la Société du roman policier de Saint-Pacôme. Le prix sera décerné le samedi 4 octobre prochain lors d’un gala à Saint-Pacôme, non loin de Kamouraska.

Les autres livres en lice sont Le regard des autres de Chrystine Brouillet, paru chez Druide, et Le crime du garçon exquis de Ronald Lavallée, paru chez Fides. Ce sont deux excellents romans publiés par des auteurs dont la réputation n’est plus à faire.


John Banville, un écrivain irlandais à la prose somptueuse

4 septembre 2025

Comme probablement la majorité des Québécois, j’ai d’abord connu l’Irlande par sa musique. JIgs, reels et slipjigs se sont mariés, au cours des siècles, avec les vieux airs français pour former la base de la musique traditionnelle québécoise. Quand je me suis vraiment intéressé à notre part irlandaise, j’ai bien sûr noté l’apport migratoire, ces dizaines de milliers d’immigrants catholiques issus des famines qui se sont fondus avec la majorité «canadienne» au dix-neuvième siècle. J’ai aussi pris conscience de notre parenté politico-culturelle. Nos voisins de l’autre côté de l’Atlantique nord ont eux aussi été conquis par la Grande-Bretagne. Les destins du Québec et de l’Irlande sont pourtant très différents. Les Irlandais ont acquis leur indépendance en 1921, mais ils vivent surtout en anglais. Les Québécois vivent à l’intérieur du Canada, mais la majorité francophone parle (encore) sa langue.

Bien plus tard, j’ai visité l’Irlande et commencé à fréquenter leurs écrivains. La littérature iralndaise est extraordinairement riche et vivante. Il est possible que, per capita, aucun autre pays n’ait produit autant de grands écrivains. Joyce, Beckett, Yeats, Heaney appartiennent au passé. Claire Keegan, Colm Toibin, Sally Rooney, Roddy Doyle, Paul Lynch (entre autres) animent une littérature de très haut niveau.

Parmi eux, John Banville, né en 1945 à Wexford, est un auteur important. Récompensé par le Booker Prize pour The Sea en 2005, il a aussi été récompensé par le Prix Kafka et le Prix Princesse des Asturies. Il a aussi écrit, d’abord sous le pseudonyme de Benjamin Black, maintenant sous son nom, une série de romans policiers. C’est par ceux-ci que l’auteur de polars que je suis l’a abordé. Banville, qui a des côtés polémistes, qualifie le roman policier de cheap fiction. Le moins que l’on puisse dire est qu’il apporte un très grand soin et un très grand talent à celle-ci.

Banville se démarque dès l’abord par son style à la fois précis et somptueux. Il est rare que ces deux adjectifs soient accolés. Banville est un perfectionniste. Chaque description est fouillée, évocatrice, imagée. Les dialogues sont profonds, astucieux. Les personnages sont complexes, attachants. La série de policiers mettant en vedette le pathologiste Quirke est campée dans les années 50, avant la télévision, l’Internet et les avancées scientifiques de la police. Ces romans, magnifiquement écrits, pourraient être présentés comme du Siménon ou de l’Agatha Christie sous stéroïdes. Il s’agit, spécialement dans la langue originale, d’un anglais exigeant, impossible à déchiffrer complètement sans dictionnaire. J’ai lu qu’il s’agissait d’hyberno-english. En tout cas, ce n’est pas facile, mais ça se goûte et s’apprivoise.

J’ai maintenant l’intention de commander et de lire The Sea.


Les États-Unis d’Amérique sont gouvernés par un bandit

30 août 2025

Je n’ai pas écrit sur ce blog depuis plus de trois mois, occupé à écrire le premier jet du neuvième Surprenant, occupé aussi, peut-être, à apprendre à vivre sous la menace du bandit qui tente d’instorer une dictature aux États-Unis.

C’est en toute connaissance de cause que je publie ici quelques paragraphes qui me vaudront peut-être d’être interdit de séjour chez nos voisins du sud, d’être harcelé par des nuées de trolls ou d’être interpelé par quelque sbire.

Ou quoi?

Tout a été dit dans la presse dite libre sur Donald Trump. Il n’en continue pas moins de sévir. Son deuxième mandat, qu’il tentera certainement de prolonger ou de répéter malgré la constitution américaine, est un coup d’état au ralenti. C’est dit, c’est écrit sur plusieurs tribunes. Le train continue de dérailler. La vis continue de tourner. Des commentateurs beaucoup plus aguerris et informés que moi continuent de le clamer chaque semaine dans les médias qui ne sont pas tombés sous les assauts de la Silicon Valley.

Je leur laisse le soin de commenter les agissements du bandit.

La question que je pose ici, c’est comment continuer de vivre, de lire, de voyager, d’écrire dans cette dystopie? La littérature a toujours été une arme, une façon d’interpréter et de changer le monde. Dans l’ère de post-vérité que crée l’intelligence artificielle, la fiction a-t-elle toujours son utilité? Serons-nous, écrivains, remplacés par des machines à fabriquer des personnages et des intrigues?

C’est déjà commencé.

Si j’écris ce texte, c’est que l’intimidateur en bas réussit à instiller quotidiennement son venin.

La peur.

Que faire contre la peur? Parler, dénoncer, combattre.

Écrire, cout donc.


«L’Affaire des Montants» finaliste au prix de la Crime Writers of Canada

9 Mai 2025

J’ai appris la semaine dernière que le huitième Surprenant, L’Affaire des Montants, est finaliste dans la catégorie «meilleur roman francophone» aux prix décernés par la Crime Writers of Canada.

C’est la septième fois qu’un livre de la série reçoit cet honneur. On finit toujours par payer et Le Mort du chemin des Arsène ont été couronnés en 2004 et 2010.

La CWC est une association pan-canadienne d’auteurs de romans policiers.

Les autres auteurs en nomination sont J.L. Blanchard, Ronald Lavallée, Guillaume Morrissette et Johanne Seymour.

Bonne chance à tous!


Deuxième saison de «Détective Surprenant»: c’est parti!

23 avril 2025

Québécor a annoncé aujourd’hui le tournage de la saison 2 de Détective Surprenant. Cette saison sera intitulée Le baron de l’archipel et sera basée sur Les Demoiselles de Havre-Aubert, sixième tome de la série publié en 2020 aux Éditions Québec Amérique.

Le tournage se déroulera dans un premier temps aux Îles-de-la-Madeleine en mai, avant de se déplacer en juin à Montréal. L’intrigue du roman, on s’en souviendra, était multicentrique, un départ à Montréal, une suite aux Îles, avec des antépisodes en République Dominicaine.

L’histoire évolue autour du personnage de Claude Goyette, dit Le baron, mécène et homme d’affaires, qui sera assassiné à bout portant lors d’une fête. Produite par Version 10, la télésérie de six épisodes a été écrite par Marie-Ève Bourassa et sera réalisée par Yannick Savard, déjà des artisans de la saison 1.

Seront de retour Patrick Hivon et Catherine Brunet dans les rôles d’André Surprenant et de Geneviève Savoie. Évelyne Brochu et Vincent Graton interpréteront de nouveaux personnages majeurs. Beaucoup de personnages de la première saison reprendront du service. La distribution est détaillée dans le communiqué du groupe Québécor.

Pour un écrivain, c’est un grand bonheur. Par ailleurs, un neuvième Surprenant est en cours d’écriture.


Naples: splendeurs, vidanges et Saint-Maradona

20 avril 2025

Napoli, l’ancienne Néopolis grecque, est habitée depuis près de trois mille ans. Aujourd’hui troisième ville d’Italie derrière Rome et Milan, elle jouit depuis toujours de sa merveilleuse baie sertie d’îles mythiques, Ischia, Procida et Capri. Haut lieu musical, berceau du bel canto, étape obligée des tours du monde romantiques du dix-neuvième siècle, Naples demeure pourtant une grande ville relativement négligée par les visiteurs du monde.

Je l’ai contournée en 1978, visitée très brièvement en 2011, peut-être influencé par une réputation surfaite: Naples était dangereuse et sale.

J’y suis depuis quelques jours et je demeure sous le charme. Naples est vivante, bruyante, populaire, séduisante et trash, cet article étant intraduisible en français. La ville est ouvrière, religieuse et pas comme il faut, mais pleine de vie. Elle a pris pour héros ce footballeur génial et clivant, Diego Maradona, qui a choisi le SSC Napoli, une équipe médiocre à l’époque, quand il a intégré la série A en 1984.

Comme Napoli, Maradona n’était pas comme il faut, sortait tard, avait de mauvaises habitudes et des liens avec le monde interlope. Mais il a emporté des championnats, compté des buts extraordinaires, a mené sa vie vaille que vaille avec un je m’en-foutisme macho auquel les tifosis s’identifiaient. Quant à ses liens avec la Camorra, la pègre napolitaine, qui s’en souciait? La ville n’était-elle pas elle-même aux prises, déjà, avec son problème de déchets?

J’étais à peine sorti de la gare qu’un premier interlocuteur – en passant, les Napolitains sont vraiment très gentils – s’excusait de l’insalubrité des rues. Parce que oui, la gestion des vidanges est toujours problématique à Naples. Les conteneurs débordent, les sacs éventrés jonchent les rues dans certains quartiers, le plastique sous toutes ses formes est omniprésent. Le fond du problème reste le même. La Camorra fait des profits faramineux en ne faisant pas ce qu’elle, par le biais d’intermédiaires bidons, est payée pour faire: enfouir les déchets ou les acheminer vers des incinérateurs (en trop petit nombre), entretenir les rues. La santé publique est affectée, de même que l’environnement. Les déchets, dont plusieurs toxiques, sont déposés n’importe où en campagne. Ils contaminent les sols, le bétail et la chaîne alimentaire, causent des cancers précoces et des dommages économiques astronomiques. N’empêche, ça continue, pour des raisons socio-politiques qu’il faut sans doute une vie pour comprendre.

Pourtant le coeur de la ville, notamment les célèbres quartiers espagnols qui bordent la Via Toledo, bat avec un entrain qui confine à la bonne humeur. Naples est la ville natale de la pizza. La nourriture y est excellente. Le tissu social est serré, la famille règne en maître, même si une partie de la population semble survivre de petits métiers et de combines. Il y a des campements, des sans-abris dans le métro, des gens qui font appel à la charité publique, mais probablement pas davantage qu’à Montréal.

La ferveur dont jouit toujours Maradona, ce surdoué bum du calcio, traduit peut-être la position de Naples dans la psychologie italienne. La grande ville du Sud, ancienne capitale du Royaume des Deux-Siciles, vedette déchue qui a vu tant de ses enfants émigrer vers les Amériques, n’a pas la grandeur de Rome, le charme élégant de Florence, la puissance de Milan ou l’aura de Venise. Elle a autre chose, la beauté rebelle et sauvage, la folie créatrice, aussi une ferveur bon enfant. Naples n’est pas correcte, elle est déconcertante et séductrice.


Au salon du livre de Québec

8 avril 2025

Il me fera plaisir de vous voir au salon du livre de Québec du 9 au 13 avril.

Je serai en signature à quatre reprises. De plus, je participerai à un grand entretien sur la scène Radio-Canada avec Julie Collin jeudi le 10 à 15 heures.

À bientôt!